mercredi 1 février 2012

La Frénésie sécuritaire, retour à l’ordre et nouveau contrôle social

Un des rôles premiers de l’État est de garantir la paix civile. Cependant, la lutte contre l’insécurité peut engendrer des mesures liberticides : lois de circonstance, répression de type militaire, comparutions immédiates, politiques du chiffre… La méthode forte et l’idéologie sécuritaire sont les cibles de ce travail critique de juristes et de sociologues dirigé par Laurent Mucchielli. Sans surprise, Nicolas Sarkozy apparaît comme le principal responsable de ces dérives. Mais tous les gouvernements qui se sont succédé en France depuis le milieu des années 1990, de droite ou de gauche, y ont leur part.


Procès d’intention mis à part, certaines analyses méritent d&rsq! uo;être relevées. Si, par exemple, les chiffres de la lutte contre la délinquance font apparaître des résultats en progrès, que doit-on en penser ? Selon L. Mucchielli, derrière la façade des statistiques se cache un système répressif perverti par la « culture du résultat ». En effet, plutôt que de combattre les réseaux organisés, les policiers privilégient la chasse aux délinquants faciles à attraper, fumeurs de cannabis ou sans-papiers, qui viennent gonfler les taux d’élucidation.

La sécurité est devenue, c’est bien connu, une arme de communication politique. Non sans conséquences sur la saturation de l’appareil pénal : inflation législative, justice à la chaîne, surp! euplement carcéral. Par le recours aux nouvelles technologies, l’idéologie sécuritaire tend aussi à instaurer une surveillance généralisée. D’une efficacité douteuse, cette « frénésie sécuritaire » profite à l’industrie de la surveillance mais, selon Christian Mouhanna, serait nuisible aux relations entre les citoyens et leur police.

MUCCHIELLI, L. (2008). Paris : La Découverte.